Au début…
la danse !
Il y a de ça bien longtemps… nous étions mi-août, fin des années 80 et je partais au stage de danse de Châteauroux, le Festival DARC. C’est là que j’ai fait une des rencontres essentielles de ma vie. Ce n’était pas un amoureux, mais mon futur métier… mais ça, je ne le savais pas encore !
A raison de 8 à 10 heures de danse par jour, les courbatures sont de rigueur ! Et l’atelier d’initiation massage en fin de journée est une vraie bénédiction ! C’est là que j’y rencontre celui qui deviendra mon mentor, mon employeur, mon « père » professionnel, j’ai nommé Joël Savatofski.
J’ai donc une quinzaine d’années, je suis lycéenne, parisienne et l’atelier massage me plait bien. De retour à Paris, je poursuis mes études, mes loisirs sous le signe de la danse, du yoga et peu à peu, je m’intéresse au massage. Je suis des ateliers le week-end avec une de mes profs de danse, qui est aussi formatrice de massage dans l’école de Joël, Janine Bharucha. Les années passent, je poursuis mes études, une prépa HEC d’abord puis une grande école, l’EDHEC, puis la fac en 3e cycle à Paris VIII. Le massage occupe une belle part de mes temps libres, d’autant que je voyage régulièrement en Asie où je me forme au gré de l’inspiration. A aucun moment, je ne pense à l’époque exercer en massage de façon professionnelle… d’autant que le contexte réglementaire n’était pas vraiment propice !!! (cf. L’affaire Massages bien-être, J. Savatofski, les articles de la FFMBE et le podcast enregistré avec Fanny).
Diplômée de l’EDHEC puis de Paris VIII, j’exerce donc plusieurs métiers au sein d’entreprises et d’agences de différentes tailles, principalement dans les secteurs de la communication, l’événementiel et l’édition… puis je quitte assez rapidement le salariat « classique » pour exercer mes compétences en indépendante. Une chose est sûre, le salariat, ce n’est pas pour moi !
De proche en proche, je suis sur mes temps libres tous les cursus proposés par l’école de Joël Savatofski et me forme ainsi pleinement aux techniques du Toucher-Massage®. Je participe activement aux actions de sensibilisation menées par l’Association au soutien du massage bien-être (ASMBE)… et tout naturellement, je fais partie des adhérents de la première heure lorsque l’on crée la FFMBE ! Mais, toujours pour le simple plaisir du « soutien de la cause » !
Expérimenter l’incarnation
Mon parcours vers le bien-être du corps de l’autre (et du mien !) ne s’est pas contenté de formations… pour être complet, il était nécessaire que je l’incarne. Et la vie s’est chargée de me mettre sur le chemin.
D’abord, un peu « brutalement », au cours de mes études, avec un grave accident sur la voie publique me privant de l’usage de mon épaule gauche pendant près d’un an et de la marche. Près d’une année de kinésithérapie quotidienne, de massages pour me lever du fauteuil roulant et lâcher les béquilles ! Puis, à peine remise, alors que je devais partir en échange universitaire à HEC Montréal, on me diagnostique un cancer du manubrium sternal, un truc très rare et qui n’arrive pas avant 80 ans en général ! Ma vingtaine s’inscrit sous le signe de la confrontation, des douleurs du corps, des cicatrices.
L’opération de chirurgie thoracique est lourde, 25 cm marquent désormais ma poitrine, mon corps doit trouver le chemin d’une « respiration paradoxale » et construire de nouveaux repères pour tous les gestes du quotidien.
Le massage devient l’allié de ma reconstruction, autant physiquement que moralement, pour reconstruire l’image de mon corps, accepter ma nouvelle plastique, ces marques, cette fragilité. A 20 ans, on se sent normalement immortel, invincible… moi, j’ai expérimenté la vulnérabilité.
Je poursuis ma route et du fait de mes études passées et compétences statistiques, Joël Savatofski me confie les rênes d’une grande et longue étude sur les apports et bienfaits du Toucher-Massage®. J’en présente les résultats lors du congrès, en mars 2004. C’est ma première prise de parole en public sur cette thématique, j’ignore encore à l’époque combien elle marque le début de ma carrière ! Elle donne également lieu à la publication d’un ouvrage, Le Toucher-Massage®, 20 ans de pratiques auquel j’ai la chance de pouvoir collaborer.
Joël a de nombreuses qualités, et entre autres, c’est un visionnaire. A la fin du congrès, il m’avait tapé sur l’épaule en me disant : « Toi, tu finiras formatrice chez nous ». J’avais bien ri…
Après de longues années de vie parisienne intense, j’expérimente une nouvelle épreuve : un burn-out qui me conduit à découvrir puis à m’installer en centre Bretagne.
Ma fille y nait en 2007.
En 2008, le chemin s’est fait, je décide de créer KerAnanda et de faire du massage désormais, non plus un loisir, mais mon métier à temps plein.
Pour compléter mon parcours de praticienne, j’enrichis mes compétences en me formant à d’autres techniques (les enseignements de l’Ayurveda et de la marmathérapie, le Toucher créatif® de Christian Hiéronimus, la Trame®, Access Bars®, la Guidance informationnelle®…).
Au cours de ma vie professionnelle « passée », j’avais beaucoup transmis, exercé comme « prof en amphi », en écoles de communication, de journalisme, de commerce sur différents sujets. Pour le plaisir, j’avais aussi animé des ateliers massage pour des proches, puis, peu à peu, dans un cadre associatif. Je me lance donc dans le cursus de formation de formateurs de l’IFJS et me voilà formatrice-facilitatrice en Toucher-Massage®.
Joël avait vu juste, j’intègre l’équipe pédagogique permanente de l’IFJS et je forme des élèves à l’art du massage en Bretagne, Pays de Loire, Normandie, mais également en Bourgogne au sein des locaux de l’école et à Paris.
Je transmets les modules du cursus initial et deviens particulièrement en charge des modules autour de la maternité, les bébés, les enfants. Me voilà donc praticienne et formatrice en massages « pour de bon ».
En 2013, je quitte le centre Bretagne pour m’installer à Rennes où je partage le cabinet d’un ostéopathe. Mon premier livre parait chez Hatier en 2019, Être zen pour mieux apprendre. Depuis, un nouveau est paru chez Eyrolles, en 2024, Cultiver le bien-être et la complicité en famille.
Le massage est désormais mon métier à temps plus que plein !
Masser ne peut se réduire à de la technique…
Ce n’est pas seulement un savoir-faire,
c’est un ART.
J’ai cessé mes activités pour l’IFJS. KerAnanda propose désormais un cursus complet de formation en massages bien-être, certifié Data-dock puis Qualiopi et, a rejoint en 2022 le rang des écoles agréées ouvrant ainsi à mes élèves la possibilité d’exercer sous le titre de praticien France Massage®. J’ai déposé la technique du Toucher-Présence®. Je fais partie des membres du conseil d’administration de la FFMBE et participe à la commission des agréments.
Le massage, le Toucher font partie intégrante de mon expérience de vie, sont constitutifs de mon être, ont construit ce que je suis. Au départ, sans que j’en sois vraiment consciente je l’avoue !
Aujourd’hui, pour exercer notre métier, tout est plus facile. La réécriture du code de santé publique nous permet d’exister, même si nos métiers ne sont pas encore « reconnus » et manquent de visibilité auprès du grand public.
Les écoles où se former sont nombreuses, il n’est plus nécessaire de traverser la France ou de partir voyager en Asie pour apprendre à masser. Vous trouvez des cursus courts (parfois trop…), longs, en présentiel, en visio, en blendé… la réelle difficulté aujourd’hui, c’est de s’y retrouver tellement le bien-être a pris d’ampleur !
Masser, c’est l’instant précieux de la rencontre de la musique d’un être,
c’est prendre le temps de lui raconter avec mes mains l’histoire qu’il lui fera du bien d’entendre, c’est lui offrir un temps de retour à soi, sans fard, sans enjeu.
Masser, ce n’est pas apprendre des mouvements, des manœuvres et les répéter à l’infini dans un ordre défini par un protocole.
Alors, en atelier découverte comme en formation professionnelle, à mes côtés, vous apprendrez à toucher le corps de l’autre et à vous laisser toucher, vous irez à la recherche de « votre » main pour trouver votre façon de masser, si unique, vous irez écouter, voir, sentir le corps à travers son grain de peau, sa température, ses rythmes… et si l’aventure vous plait, vous deviendrez peut-être praticien en massage bien-être à votre tour, et qui sait, formateur pour transmettre et partager à votre tour notre beau métier, cet art du toucher.
« Le Toucher, le sens essentiel de ma vie »
— Juliette Grollimund Depoorter —